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Le
mot de Christiane...
Bonjour,
Vous
trouverez ci-dessous les derniers
"Mots de Christiane" publiés...
Bonne
lecture !
Extraits
du
« Le sacre du dragon vert », pour
la joie de ne
rien être, d'Eric Baret
… La souffrance est psychologique.
C’est toujours
lié à l’idée de
soi-même, l’idée d’une forme
de moralité, de conformité. On prétend
que l’on ne peut pas vivre comme cela,
avec tel
environnement, avec tel corps,
avec tel passé,
avec tel futur, parce que l’on a
l’image que les
choses devraient être autrement; on a
l’image
qu’il ne devrait pas y avoir de
violence, de mauvais
traitement, de maladie, de mort, de
père abusif, de mari
ceci, cela. Il ne devrait finalement
rien y avoir. On ne
tolère rien !
Quand on se rend
compte que tout est
tolérable, quand on ne cherche plus à
éviter la souffrance, la violence,
l’injustice,
autre chose se passe : quelque chose
s’ouvre. La
beauté, la tranquillité apparaissent.
Mais il
faut d’abord quitter l’image que les
choses
devraient être autrement, quitter
l’image
qu’il y a quoi que ce soit à changer –
c’est de la violence – quoi que ce
soit dont il
faille se libérer, même se libérer,
même se libérer de l’image.
Il n’y a rien à
changer dans la société, dans le
monde, dans la
souffrance dans la violence. Il suffit
de profondément
comprendre, regarder. Il n’y a rien
d’injuste, sauf
le regard. Tour le reste est une
histoire, un conte de
fées. La souffrance est le plus
grand
révélateur. C’est cela qui
amène à l’ouverture.
Pourquoi
vouloir se priver,
pour quoi vouloir échapper à la
violence,
à la maladie, à l’angoisse ?
C’est cela qui amène un
questionnement, qui fait
que l’on ne va pas passer sa vie
dans des
situations où on pourrait être
satisfait des
différentes mondanités de l’existence.
Pourquoi vouloir se libérer de la
souffrance, de la
violence, de la dépression ? Ce sont
des cadeaux que
l’on reçoit pour interroger. Il n’y a
rien à changer là-dedans. C’est parce
qu’il y a une forme de maturation,
d’ouverture, que
ces cadeaux viennent.
Penser qu’il
faut se
libérer de la souffrance, se libérer
de la
violence, c’est cela la violence.
C’est une forme
d’ajournement. Il n’y a rien dont on
doive se
libérer. L’image est absolument
nécessaire ; quand elle a rempli son
rôle, elle
s’élimine, comme le reste.
Vivre avec ce qui
est là est
la démarche spirituelle ; ce n’est pas
chercher
à transformer, à changer, à se
libérer. Ces choses font partie de la
psychologie,
c’est une fuite en avant. Il s’agit de
vivre avec
ce que l’on ressent et non de vivre
avec le corps
hypothétique, avec le corps que l’on
devrait
avoir, que l’on voudrait avoir, mais
avec le corps qui est
là. Vivre avec ce qui est ressenti,
pas avec un psychisme
hypothétique, tranquille, purifié, qui
devrait
être comme ceci et comme cela, qui
devrait être
ouvert. Non.
Vivre avec
ce qui est là : avec l’agitation, la
peur, la
dépression. Accueillir ces éléments
amène la transformation. Pas de place
pour un quelconque
changement, pour un quelconque
cheminement ; uniquement vivre avec ce
qui est là. Ce qu’il y a là
n’est pas autre chose que la beauté,
mais cela
demande à être écouté,
à être regardé. Toute tentative pour
se
libérer est la souffrance.
La seule possibilité de se libérer
d’une perturbation émotive est de la
ressentir. En
général, les êtres humains pensent
leur
émotivité ; à ce niveau, aucune
liberté n’est possible. C’est dans le
ressenti de la peur, de la colère, de
l’anxiété, de la jalousie ou de la
culpabilité que l’émotivité
se libère. L’émotivité est
corporelle.
La pensée a
sa
propre beauté, mais elle n’a pas la
capacité de nous libérer de
l’émotivité. La pensée peut
en ajourner certains éléments, mais
elle ne peut
pas amener à une véritable intégration
de l’émotivité. Vous pouvez lire un
très veau livre sur le zen, devenir
bouddhiste et oublier
temporairement votre colère ou votre
anxiété, mais
l’émotivité reviendra. Alors que si
vous vous rendez disponible
sensoriellement, il y aura vraiment
une
voie de sortie pour l’émotivité.
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